Château de Pontchartrain

publié le 12 mai 2010 (modifié le 17 mai 2010)

 

En 1689 Louis II Phélypeaux, Comte de Pontchartrain, avait succédé à Claude Le Peletier de Souzy dans les fonctions de Contrôleur général des finances, et, à ce titre, il a en charge les ponts et chaussées du Royaume. Dès ce moment il fait appel à frère Romain pour tous les travaux publics entrepris dans son fief de Pontchartrain (*) : c’est le début d’une véritable amitié qui va lier le moine architecte au ministre : frère Romain s’occupe de tout, construction, irrigation, routes, arpentage. A partir de 1689, les comptes détaillés du Domaine de Pontchartrain montrent les travaux menés par lui : démolitions, achat de briques, d’ardoises, de pierres ; au château les maçons, menuisiers, vitriers, se succèdent ; on trouve aussi la mention de peinture aux nouveaux appartements, à la galerie, frottage aux nouvelles chambre ; les écuries subissent également de grandes transformations. Il est intéressant de remarquer que les façades du château de Pontchartrain font apparaître des panneaux de briques sertis dans un appareil de pierres blanches, caractéristique du style architectural Louis XIII. Cet emploi de la brique n’est pas sans rappeler que ce matériau fut utilisé par frère Romain pour la construction de l’église d’Asfeld, dont nous avons parlé précédemment.

En dehors du château, le dominicain, qui à partir de 1693 habite Pontchartrain, construit pour son protecteur le clocher et le presbytère de Jouars, l’église de Saulx-Marchais, l’hôpital des Bordes ; il restaure les bâtiments de la Couarde, des Mousseaux, d’Ergal, de Maurepas, l’église troglodytique de Saint-Léger et son clocher de pierre, reconstruit la halle de Neauphle, etc. tout en travaillant dans la généralité de Paris : à Trappes, Houdan, Mantes, Pontoise, aux bâtiments et autres ouvrages dépendant du Domaine Royal.(*)

© Mairie de Jouars-Pontchartrain

 

On trouve également trace de multiples interventions de frère François Romain à l’extérieur de la généralité de Paris : les procès-verbaux de l’Académie d’Architecture confirment qu’en 1685 il répara l’abbaye de Jouy (abbaye cistercienne localisée à Jouy en Brie à une quinzaine de kilomètres au nord de Provins). Pour la congrégation des Eudistes, il est attesté que le séminaire de Senlis fut réalisé sur projet de François Romain vers 1690.

Par suite de l’effondrement de plusieurs piles du pont de Moulins, sur l’Allier, le 21 octobre 1689, et sur la base d’un constat établi le 24 du même mois par l’ingénieur Mathieu, frère Romain, en 1691, soumet un projet de restauration de l’ouvrage à l’Académie d’architecture, en concurrence avec ceux présentés par Mathieu et par l’architecte Mansart ; au lieu de proposer la simple réparation des dégradations du pont comme ses deux concurrents, ce dernier préconise de remplacer l’ouvrage par un nouveau pont de pierre. Cette dernière solution fut finalement retenue par l’Académie d’Architecture.


(*) Hadrot (Marie Huguette), Le château de Pontchartrain, in « Histoire et archéologie des Yvelines », supplément au bulletin « Connaître les Yvelines », Versailles, juin 1978.