Développement durable

 
Un éco-quartier en cours d'aménagement à Clichy-Batignolles
Un éco-quartier en cours d’aménagement à Clichy-Batignolles
(D.R.)

La question de l’évaluation est essentielle en matière de développement durable. Aussi, géomètres et topographes pourraient voir leur champ de compétence s’élargir, tandis que de nouvelles infrastructures techniques adaptées se mettent en place…

La mesure des phénomènes se situe au cœur du développement durable. En effet, avant de penser à préserver les ressources naturelles, il est nécessaire de les évaluer avec précision, ainsi que les atteintes qui leur sont portées.

C’est l’objet d’un document tel que le Rapport Planète Vivante édité par WWF et Global Footprint Network. À travers des indicateurs comme la biocapacité et l’empreinte écologique, il permet de mesurer les ressources à notre disposition et les prélèvements que nous effectuons sur celles-ci. Les données sont fournies au niveau mondial, par grandes zones géographiques, par pays et par ressource (eau, surfaces agricoles…), à partir d’un minutieux travail de relevé effectué par de multiples acteurs de terrain.

Le Grenelle donne la mesure

Lors du Grenelle de l’Environnement, les contributeurs du Comité Opérationnel N°9, consacré à l’urbanisme, ont préconisé une démarche analogue à travers la mise en place d’indicateurs dédiés à la consommation d’espace, d’énergie ou à l’émission de gaz à effet de serre. Cette attention particulière portée à l’évaluation des phénomènes se retrouve dans le texte de la loi, qui prévoit notamment :
- d’améliorer l’évaluation, la vérification et l’information en matière de performance énergétique des bâtiments ;

  • d’intégrer des objectifs chiffrés de réduction de la consommation d’espace aux documents d’urbanisme (Plan Local d’Urbanisme, Schéma de Cohérence Territoriale, cartes communales) ;
  • de réformer les modalités d’exécution des études d’impact afin de mieux prendre en compte les spécificités de chaque milieu naturel…

     

Le rôle central des géomètres

La mise en place d’un urbanisme durable suppose de disposer d’informations précises le plus tôt possible. L’orientation d’un terrain, par exemple, peut avoir un fort impact en termes d’économies d’énergie. Il en va de même pour l’utilisation de matériaux à haute performance énergétique, les énergies renouvelables, le recyclage et l’utilisation des eaux pluviales…

C’est le sens de l’approche environnementale de l’urbanisme initiée dès 1996 par l’ADEME (Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie). Celle-ci s’appuie sur un diagnostic transversal qui peut être mené dès les études préalables en ce qui concerne l’énergie, les déplacements, les déchets, l’eau, etc. Un processus de concertation avec les acteurs locaux (associations, collectifs d’habitants) permet d’impliquer chacun dans le processus de décision. Il devient ainsi possible de privilégier des modes de transport doux (cycle, marche à pied), de mieux maîtriser l’étalement de l’habitat ou la gestion des eaux pluviales, tout en répondant aux besoins exprimés par les différents intervenants.

En raison de leur pluridisciplinarité et de leur maîtrise des méthodes d’évaluation, géomètres experts et topographes ont un rôle central à jouer dans de tels dispositifs. Conscient de cet état de fait, l’Ordre des géomètres-experts (OGE) a placé son année 2009 sous les auspices du développement durable. Une charte solennelle, prévoyant en particulier de renforcer les compétences en matière d’études d’impact et d’incidence, a ainsi été signée lors de son 39e congrès en septembre 2008 à Strasbourg. Désormais, l’OGE s’est engagé dans l’élaboration d’un Agenda 21 fixant les grands objectifs de la corporation dans ce domaine. Présenté à Marseille lors du 40e congrès en 2010, il s’agira du premier Agenda 21 adopté par une profession en France.

Disposer d’indications fiables

Mais pour pouvoir utiliser efficacement ces données, encore faut-il pouvoir y accéder et les échanger. En termes techniques, on parlera d’interopérabilité et de mutualisation. Comment faire pour que les plates-formes mises en place soient accessibles à l’ensemble de leurs utilisateurs ?

C’est le sens de la directive INSPIRE, adoptée par l’Union européenne en mars 2007. Celle-ci prévoit d’établir une infrastructure d’information géographique au niveau de l’Union afin de favoriser la production et l’échange de données dans le domaine de l’environnement. Cela passe par la constitution de catalogues de données transversales (coordonnées, réseaux hydrographiques, de transport, parcellaire cadastral, etc.) respectant des règles d’interopérabilité avec les autres systèmes existants, pour pouvoir fournir un accès gratuit à l’ensemble des acteurs concernés.


Le tramway représente un bon exemple de ces aménagements réclamant l’intervention de compétences pluridisciplinaires (© RATP et J.-F. Delarue).