Église de Houdan

publié le 12 mai 2010 (modifié le 14 mai 2010)

 

Au XVIIème siècle, le domaine d’action de l’architecte était très vaste, et frère Romain ne pouvait manquer de continuer à intervenir sur de nombreux édifices religieux, tout en poursuivant ses interventions sur les chemins et ponts de sa généralité : les archives paroissiales et notariales de Houdan permettent de voir qu’il est appelé à donner son concours pour réparer la voûte de l’église St. Jacques et St. Christophe de Houdan (*), ou l’acte d’assemblée des habitants, tenus le 21 février 1712, nous dit que :
…comme la voûte de ladite Eglise est depuis longtemps imparfaite, ce quoi cause à la fabrique repérations considérables qu’il convient de faire toutes les années aux couvertures de ladite église qui ne sont la plus part du temps endommagées que par le dessous de ladite voute laquelle sy etait continuée et entièrement parfaite, elle serait entièrement à l’abry de la violence des vents et tempeste qui la ruine : Qu’ayant déjà fait voir cet ouvrage à plusieurs massons quelques uns n,e demandent pour leur entière perfection qu’une somme de dix huit cents livres, d’autres deux mil livres ; et comme lesdits Sieurs Marguilliers trouveront dans les sommes qui sont deues à ladite Fabrique par les anciens marguilliers un font suffisant pour satisfaire à ce qu’il conviendra de faire pour la perfection dudit ouvrage, ensemble pour faire racomoder le pilier en dehors d’entre la chapelle du Saint Rosaire de la Vierge et celle de Sainte Catherine, recouvrir lesdites Chapelles et y remettre le bois de charpente qu’il y conviendra a la place de celuy qui se trouverra poury et gâté, ils estiment que l’on ne peut pas faire un meilleur employ, puisqu’il épargnera à l’église plus de cent cinquante livres de
rente qui luy coute tous les ans pour l’entretien desdites couvertures.
(……)
A quoy a été dit par led. Sieur Curé qu’il consent que sous et suivant le bon plaisir de Monseigneur l’Evesque de Chartres, Messieurs les Marguilliers en charge fassent lesd. reparations et mesmes fassent parachever toutes les voutes de l’eglise a condition (…)

Église de Houdan
Église de Houdan
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Le texte se poursuit ensuite par la définition des conditions financière de l’exécution des travaux qui sont alors l’objet d’une affiche d’appel d’offres qui fait état des devis et plans remis par le frère Romain :
Ce samedi 30ème d’avril 1712, de l’ordonnance de Monsieur le Prévost d’Houdan, on fait assavoir qu’à la requeste de Messieurs les Marguilliers en charge de l’église St. Jacques et saint Christophe de Houdan, il sera mercredy prochain quatrième jour de May en l’auditoire et par devant Mondit sieur le Prevost d’Houdan ou son lieutenant quatre heure de relevée procéddé a ladjudication, au rabais des ouvrages de massonnerie pour faire et parfaire trois voutes de la nef de ladite eglize paroissialle de Houdan suivant et conformément au devis des ouvrages et plan de la voute qui en ont esté faits par le Reverend frère Romain le unze Avril dernier, dont autant sera mis es mains de ladjudicataire lequel sera tenu entre autre chose de faire tous les echaffauts et cintre et livrer tous les equipages et tous les matériaux necessaires et sans exception (…) et de reparer le chapiteau d’un pillier qui est en dehors de lad. Eglise et ainsy qu’il est porté aud. devis et aussi a condition de par lesd. Sieurs Marguilliers de payer entre les mains dud. adjudicataite comptant et par avance le tiers du pris de l’adjudication en commençant louvrage, un autre tiers louvrage fait et lautre tiers après louvrage parfait et quil aura esté veu et visité par le R. frère Romain et outre ledit adjudicataire (…)

Les travaux sont alors exécutés et font l’objet d’un Procès verbal de visite de frère Romain, tant du cimetière de St. Jean, que de l’église de Houdan datée du 6 mai 1713, comme en fait foi le compte triennal des marguilliers pour les années 1711, 1712, et 1713 ; l’article 20 de ce document stipule que : Lesdits marguilliers ont payé suivant les quittances et mémoire du frère Romain architecte pour la façon des trois voûtes neuves de ladite église, fourniture de pierres de taille et autres matériaux la somme de 2 361 livres 6 sols. L’article 21 fait mention d’une seconde dépense de 2 560 livres pour façon à neuf du gros mur proche le banc de saint Rocq (l’apostille de l’archidiacre précise que ce travail fut également conduit par frère Romain).

On voit souvent que l’obstacle des moyens financiers s’opposait à l’amélioration des techniques d’entretien routier : ainsi en 1712, le chemin de Bretagne, entre Saint-Cyr, Pontchartrain, et Montfort, n’est plus qu’une succession de fondrières sur une distance de 500 toises. Par mesure d’économie, frère Romain, dans un devis du 12 novembre 1712, prévoit qu’au lieu d’enfouir le tronçon putréfié sous une chaussée de pierre, on tassera simplement dans les creux, de gros moellons recouvert d’un pied de pierrailles dans les crevasses qui entaillent toute la largeur du chemin de 123 à 18 pieds, sur une longueur de 31 toises courantes estimée à 10 livres 6 sols, l’unité.

Dans les archives communales du village de Montreuil, à 6 km. au sud de Dreux, on trouve le plan d’un pont de bois sur l’Eure dressé par frère Romain, en 1713, où il propose le remplacement des planches du tablier, les anciennes ayant été rompues par les secousses des vaisseaux, et en partie étant déjà fort altérées et endommagées de caducité.


(*) Bizeau (Pierre), Les voûtes de la nef de l’église de Houdan construites par le frère Romain en 1712, in « Bulletin de la Société archéologique d’Eure et Loir, n°14, Chartres, 1987.