Gardien de phare

publié le 4 décembre 2007 (modifié le 7 décembre 2007)

Silhouette haute, visage hâlé, voix grave et mesurée, Michel Berthelé a la retenue des gens habitués à la mer. Il a été gardien de phare durant trente-quatre ans, dont vingt-quatre consacrés au phare du Stiff, sur l’île d’Ouessant, au large du Finistère. Autant dire que le Stiff, il connaît. "Quand il y avait tempête, le vent pouvait grimper jusqu’à 180 km par heure. On ne tenait pas debout pour faire les 50 mètres qui séparaient le phare de la maison où j’habitais avec ma femme et mes enfants".

Le phare du Four, un jour de grosse mer
Le phare du Four, un jour de grosse mer
(Photo : Dam-Plisson)

Jean-Pierre Simon, lui, a été gardien pendant treize ans. Il a connu presque tous les phares en mer entre Ouessant et l’île de Sein : Le Four, Kéréon, La Jument, Ar Men. "Au Four, quand la tempête souffle, le phare est totalement recouvert par les vagues. À la Jument, la tour bouge par mauvais temps. C’est un peu impressionnant au début, mais on s’habitue".

Jean-Pierre Lecocq, raconte que sa plus belle frayeur remonte à décembre 1989. "Cette année-là, la tempête a arraché les fenêtres de Kéréon et a entièrement vidé le phare de ses meubles. Le haut de la tour avait un balancement de près de un mètre. Au bout de trois jours, l’hélicoptère a enfin pu nous déposer un gars en renfort, du ravitaillement et du matériel pour réparer", se souvient-il.

La mer ne se laisse pas si facilement dompter. Elle n’a jamais été tendre pour ces hommes. A force de la côtoyer, ils ont appris à ne pas l’oublier.