Généralité de Paris (1)

publié le 12 mai 2010 (modifié le 20 mai 2010)

 

Le 11 novembre 1695 un arrêt du Conseil d’Etat du Roi, sur proposition de Louis Phélypeaux de Pontchartrain, Le Roi voulant commettre une personne intelligente et capable (…)dans la généralité de Paris, au lieu du sieur Bruand qui ne se trouve plus, par ses incommodités, en état de les faire ; et S. M. étant informé de la capacité de frère François Romain, convers profès de l’ordre des Dominicains, natif de Gand, par la conduite et inspection qu’il a eue du pont de pierre que S. M. a fait construire en 1685 vis à vis le gros pavillon de son palais des Tuileries, et par le compte rendu de plusieurs autres ouvrages tant de la dite généralité, que de quelques autres généralités et provinces du Royaume (…) ouï le rapport du sieur Phelippeaux de Pontchartrain, conseiller ordinaire au Conseil Royal, Contrôleur général des finances ;
S. M. en son Conseil a commis et commet le frère François Romain pour faire les visites, dresser les plans et devis et les rapports pour la réception des ouvrages qui seront nécessaires pour le rétablissement, construction à neuf, ou entretenement des ponts, chemins et chaussées, bâtiments dépendants du domaine de S. M. et autres ouvrages publics dans l’étendue de la généralité de Paris. (…)

C’est surtout à partir de ce moment que l’on trouve l’empreinte de frère Romain dans les nombreux baux d’entretien routier dont il était ainsi chargé. Nous allons ci-dessous donner quelques exemples des activités diverses de frère Romain(*) :

Dans un bail du 18 août 1695, pour l’entretien du chemin de Bretagne, du côté de Neauphle le Château, il préconise d’affouiller un tronçon de 1080 toises de longueur, sur 18 pouces de profondeur et 9 pieds de large, puis d’y entasser des pierres, en mettant les plus grosses à l’emplacement des ornières ; les pierres de petit calibre amenées au centre, donneront à la chaussées un bombement favorisant l’écoulement des eaux vers l’extérieur des bas-côtés desdites chaussées.

En 1695, frère Romain établi un devis pour le pont d’Epernay, donnant passage à la route de Paris à Vitry-le-François sur la Marne.
En 1696, il précise que sur le chemin de Basse-Normandie, par Villepreux et Neauphle, les voituriers préfèrent avancer en tâtonnant sur les terres emblavées des champs riverains plutôt que de suivre un chemin en si mauvais état qu’une charrette passant par cet endroit est versée, et a tué le prévôt de Neauphle.

Pont de Meaux sur la Marne
Pont de Meaux sur la Marne
(hier et aujourd’hui) ©

En 1697, il dresse un devis pour la remise en état du pont de Meaux sur la Marne ; on note que cet ouvrage existait encore avec ses moulins au début du XXe siècle.
Très lentement, en combinant les réparations et la construction de nouvelles voies, le pavage se répand petit à petit, en remplacement des chemins de terre. Ainsi, quand l’agrandissement du parc de Versailles nécessite la déviation des chemins de Montfort-l’Amaury, par Meudon, ou par Saint-Cloud, les travaux prévus consiste à construire une chaussée pavée uniquement sur le prolongement des chaussées de Versailles en bordure du parc royal sur trois cent toises de longueur et quinze pieds de large, pour donner au public deux chemins faciles et roulant ; de Satory à Trappes on emploie le pavage uniquement pour colmater les creux humides et difficiles. Les 132 toises qui séparent les articles 63 et 64 du bail d’entretien du chemin de Normandie par Saint-Cloud, ne seront pavées à Bailly qu’en 1698, après leur complète dégradation.

Dans un devis du 20 octobre 1699, complémentaire au bail du 19 septembre 1698, présenté sous forme d’ordonnance du bureau des Finances, on lit qu’après une tournée d’inspection au pont de la Ferté-sous-Jouarre, sur la Marne, frère Romain demande à l’entrepreneur l’exécution de travaux supplémentaires pour consolider l’ouvrage et promet de le faire payer suivant la prisée qui en sera faite lors de la réception d’iceux.

Quelques travaux destinés à améliorer le tracé des chemins sont entrepris, comme ceux prévus dans un devis du 7 avril 1700, ou frère Romain ordonne l’expropriation d’un arpent et demy de terrain, et consent à la démolition d’un ponceau pour redresser un tronçon du chemin de Paris à Montfort : le ponceau sera reconstruit suivant le nouvel alignement.

Le 9 juin 1700 Frère Romain procède à une visite d’inspection du pont de bois de la route qui va de Saint-Denis à Pontoise.

Dans un bail du 20 septembre 1700, frère Romain justifie le pavage sur une longueur de 130 toises du chemin de Paris à Marly : ce chemin très fréquenté pendant le séjour que la Cour fait audit lieu, il convient de rendre le chemin facile.


(*) Maîtrehenry, L’administration et les travaux des ponts et chaussées dans la généralité de Paris sous Louis XIV, thèse dactylographiée, 3 cahiers in 4°, W 60, Université de la Sorbonne, Paris, 1953.