Origine de Planete-TP
Contenu
Planete-tp.com et le patrimoine des TP
Du musée physique au musée en caisse... puis, « retrouvé »
Du musée virtuel à planete-tp
Planete-tp aujourd’hui
Et demain ?
Pour conclure à titre provisoire
Planete-tp.com et le patrimoine des TP
ASCO-TP, Association pour la Connaissance des Travaux Publics, poursuit l’objectif général de développer l’intérêt du grand public pour les TP sous les quatre angles des réalisations, des métiers, des techniques et de l’histoire. L’association gère ce site dont chaque mois plus de 130 000 pages sont visitées.
En prenant appui sur la préhistoire et l’histoire de l’association ainsi que sur son expérience actuelle tirée de la gestion du site, nous centrerons notre propos sur la valorisation du patrimoine au sens large.
Vidéo d’ouverture du colloque du 4 octobre 2005 à l’auditorium de l’INHA
Du musée physique au musée en caisse... puis, « retrouvé »
Le 3 mars 1939, Albert Lebrun, président de la République inaugurait le musée des Travaux Publics, édifié place d’Iéna à Paris avec Auguste Perret pour architecte. En 1955, le musée devait laisser la place à l’Assemblée de l’Union Française puis, en 1959, au Conseil Économique et Social qui l’occupe encore. Toutes les collections étaient alors mises en caisse !
Les années passant, le musée rejoignait le mythe jusqu’au 15 février 1989 où autour de Jean Millier était créée l’Association pour le Sauvetage du Patrimoine de l’ancien Musée des Travaux Publics. Son action fut efficace avec les résultats suivants. Un livre, documenté et illustré de façon remarquable, fut écrit par Bertrand Lemoine et Jean Mesqui, respectivement conseiller scientifique et secrétaire général de l’association : « Un musée retrouvé. Le musée des Travaux Publics (1939-1955) » (MELT-1991). Par lui, et en fait par lui seul, nous pouvons connaître la réalité de ce musée exceptionnel. Tout en invitant à lire cet ouvrage, nous en extrayons quelques informations.
Suivant le décret de création, le musée « est affecté, d’une part à des expositions permanentes d’objets, maquettes, cartes, plans, dioramas, films, rappelant les grands travaux et ouvrages d’art exécutés par le génie français ou faisant ressortir l’activité des divers services relevant du ministère des Travaux publics, et, d’autre part, à des expositions temporaires d’objets, maquettes, cartes, plans, dioramas, films, de travaux en voie d’exécution et projetés par les mêmes services » Ce programme fut mis en œuvre tant que le musée fut en activité : les maquettes furent renouvelées pour atteindre le nombre de 200, des expositions temporaires furent organisées sur des thèmes variés. La fréquentation annuelle s’établit autour de 30000 visiteurs après la guerre et autant pour chaque exposition temporaire.« Un musée d’actualité donc, tourné vers la jeunesse » suivant la belle formulation de Jean Millier.
Les caisses furent ouvertes et certaines maquettes, remises en état, furent présentées en 1986 à la Conciergerie à l’occasion de l’exposition « Un canal, des canaux ». Certaines sont maintenant exposées au musée des Arts et Métiers à Paris et à celui de la Batellerie à Conflans-Sainte-Honorine notamment.
Mais, le grand objectif n’avait pu être atteint puisque la création d’un musée physique n’avait pu être obtenue, sans aucun doute, en raison de l’importance estimée des dépenses d’investissement et de fonctionnement face à l’inconnue de la fréquentation possible.
Du musée virtuel à planete-tp
Dans les années 90, les réflexions se poursuivirent pour regrouper des partenaires publics et privés autour d’objectifs communs : l’histoire, sûrement, car l’intérêt des milieux concernés et du public ne se dément pas, l’image des TP aussi face aux critiques récurrentes bien connues et surtout les réticences de nombreux jeunes à se former à des métiers jugés trop souvent « archaïques » ; et enfin, le rayonnement international de la France pour accompagner un point fort de sa notoriété et l’action exportatrice de ses entreprises, grandes ou petites.
Internet démontrait ses potentialités et, avec réalisme, le choix fut fait d’un « musée virtuel » au moins pour commencer. L’association changeait de dénomination avec un nouveau président, Jean-Pierre Maillant qui succédait à Henri Cyna qui, successeur de Jean Millier, avait organisé la célébration du 250e anniversaire de l’École. Les objectifs, tout en gardant l’esprit des origines, étaient reformulés en conséquence de façon qu’avec le soutien très actif du Ministère de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement durable et de l’Aménagement du territoire (MEEDDAT) et de la Fédération Nationale des Travaux Publics (FNTP) ainsi que de ses adhérents, personnes physiques et morales, l’association prenne en charge directement la réalisation d’un musée virtuel.
Les études conduites alors sur les attentes des internautes et particulièrement des jeunes eurent des conclusions claires : l’intérêt se porte sur l’actualité et l’avenir et le mot « musée » a un fort pouvoir répulsif. Il est d’ailleurs remarqué que le mot évoque, de fait, le passé et son emploi est impropre pour une activité en évolution de plus en plus rapide et s’efforçant toujours de répondre aux besoins actuels et futurs des citoyens le choix se porta finalement sur l’expression en usage maintenant et le site fut créé. Ouvert avec un volume suffisant en 2004, il comporte aujourd’hui plus de 8000 pages et près de 10000 photographies et connaît une fréquentation croissante.
Planete-tp aujourd’hui
Les analyses qui peuvent être faites à partir des statistiques de fréquentation, des questions posées par les internautes grâce au bouton ad hoc et les réactions des adhérents de l’association convergent clairement sur le fait évident que deux points d’entrée dominent et de beaucoup : les réalisations et les métiers en particulier pour les jeunes et leurs professeurs.
Cette circonstance a conduit à créer un espace dédié aux « collèges ».
En effet, les entreprises de TP estiment pouvoir offrir chaque année 10000 emplois stables, bien rémunérés, intéressants et permettant une progression de carrière à des jeunes sortant de formations pertinentes. Elles n’en trouvent que 6000 environs, chiffre en croissance d’ailleurs en raison de l’effort propre des entreprises et de la FNTP. L’Éducation nationale, de son côté, ne parvient pas toujours à remplir les formations correspondantes des lycées professionnels. Toutes les enquêtes réalisées sur ce sujet conduisent à l’explication d’une image de ces métiers, auprès des familles notamment, plus conformes à leurs réalités passées qu’actuelles. Il s’agit donc d’une donnée de fonds qu’il faut savoir faire évoluer rapidement.
Pour réaliser cet espace dédié, l’Éducation nationale nous a aidés de ses conseils et moyens. La cible actuelle concerne les collèges et particulièrement la classe de troisième, année essentielle pour l’orientation des jeunes. Nous avons ainsi confié à un groupe de professeurs de troisième la charge de réaliser cet espace en leur expliquant que si nous connaissions les TP et l’informatique, ils connaissaient leurs collègues et leurs élèves ainsi que la manière de leur parler. Le rappel du passé trouve naturellement sa place surtout si l’on s’attache, ce qui est indispensable, à intéresser aussi des professeurs de français, d’anglais ou d’histoire, par exemple afin de concerner un public élargi.
Dans le même temps, plus de 3000 pages ont été traduites en anglais. Ce volume est estimé suffisant pour que l’on puisse développer la notoriété du site à l’étranger pour atteindre une fréquentation significative, ce qui est évidemment plus difficile que sur le sol national.
Et demain ?
Le site a besoin d’être enrichi par de nouvelles rubriques, actualisé pour les rubriques anciennes, et amélioré pour atteindre une haute qualité tant sur le plan de l’information que de la commodité d’emploi pour l’internaute. Il doit aussi évoluer pour se maintenir au niveau de « séduction » des meilleurs sites que l’on peut visiter. Vaste programme, peut-on dire, et qui demande du personnel qualifié mais aussi une écoute permanente !
Je voudrais cependant revenir sur la place de planete-tp dans les efforts faits pour mieux faire connaître et valoriser notre patrimoine en présentant quelques réflexions sur ce thème en évolution continue sous l’influence des techniques informatiques, des besoins des internautes et, plus généralement, de notre société.
Si la plupart des musées disposent d’un site internet complétant leur action traditionnelle, planete-tp constitue une exception rare, ne s’appuyant sur aucun lieu concret et permanent que chacun pourrait visiter. Est-ce à dire que le « musée physique » doit rester un objectif raisonnable ? Il me paraît prématuré de répondre de façon définitive ne serait-ce que parce que la démonstration d’un public suffisant n’est pas encore faite malgré l’augmentation continue de la fréquentation.
On peut cependant observer que la plupart des musées traditionnels donnent une place importante à leur politique d’animation en organisant des activités très diversifiées telles que conférences, ateliers pour enfants, visites guidées, séances de cinémas et, bien sûr, expositions temporaires dans le double dessein de fidéliser les visiteurs et d’en attirer de nouveaux. Le musée, tout en gardant une place centrale mais finalement lourde et souvent onéreuse, devient de plus en plus le moyen d’une politique à portée plus générale de développement culturel, par exemple.
Il me semble que le site planete-tp peut jouer un rôle analogue et en un sens plus moderne en mobilisant de nombreux partenaires autour des ouvrages existants, des chantiers remarquables susceptibles d’intéresser le public ou encore d’expositions temporaires sur des thèmes en rapport avec l’actualité. On retrouverait ainsi le slogan d’une campagne de communication du ministère d’il y a quelques années : « leur bureau, c’est la France. » Au contraire, en effet, de nombreux objets présentés dans les musées traditionnels, les réalisations des TP ne sont véritablement comprises qu’en place. Pourquoi ne pas donner à proximité les explications nécessaires à leur compréhension, internet permettant à la fois d’apporter des compléments et d’inciter à la visite ?
Les initiatives prises par plusieurs professeurs des collèges montrent l’efficacité du couplage entre notre site et les visites sur place ou la réalisation de maquette pédagogique, par exemple. Les exemples déjà réalisés autour d’ouvrages exceptionnels comme les grands ponts sont à ce titre encourageant en raison de leur fréquentation. Ils satisfont les collectivités territoriales d’accueil et contribuent à faire évoluer l’opinion. Des exemples moins spectaculaires pourraient aussi être cités mais, dans tous les cas, il faut montrer qu’il s’agit non pas d’une initiative sans lendemain, mais au contraire d’une politique continue permettant au public de mieux comprendre des travaux qu’il a payés d’une façon ou d’une autre. Il s’agit certes d’y mettre les moyens nécessaires mais aussi de savoir s’organiser pour regrouper des acteurs, apprendre à écouter les personnes et innover pour répondre à des demandes qui ne sont souvent par la force des choses que latentes.
Pour conclure à titre provisoire
Finalement, une première étape a été franchie. Elle a permis de démontrer la faisabilité du projet et son intérêt. Elle l’a été par notre association dont les adhérents jouent un rôle actif notamment par l’intermédiaire de leur espace propre. Les soutiens actifs de la FNTP, du Ministère en charge du secteur de la construction et de l’Éducation nationale, ont été déterminants. Ce premier succès invite à plus d’audace pour réaliser, sans doute suivant des modalités plus adaptées à notre époque, les objectifs fondateurs de ce premier musée des Travaux publics, de 80 ans après son inauguration et 30 après qu’il ait été « retrouvé ».