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Un pont s’écroule !

publié le 22 avril 2020 (modifié le 29 avril 2020)

Cet événement s’est produit alors qu’il n’y avait pratiquement aucune circulation (Coronavirus oblige). Ce qui prouve encore une fois que c’est principalement le vieillissement de la structure elle-même, lorsqu’elle n’est pas entretenue, qui est la cause essentielle de ces dégradations. Le poids du trafic n’est qu’un élément qui sert d’accélérateur à ces phénomènes.

Les ruines du pont (© Vigili del Fuoco)

 
Pourtant, ce pont mérite le respect historique étant l’un des premiers en Italie construit en béton armé à partir de 1906 et inauguré le 11 octobre 1908. En ce tout début du XXème siècle, il a été conçu par Attilio Muggia l’un des meilleurs ingénieurs que l’Italie ait eu pour ce type de construction. L’ouvrage fut l’un des premiers construit avec de nouvelles techniques et avec un style extrêmement audacieux pour l’époque.

Photo du pont au début du XXème siècle - © DR

 
Il s’agit d’un ouvrage de 300 mètres de long et 7,20 mètres de large. Il surplombe le cours d’eau d’environ 10 mètres. Il est composé de 5 arches "grandioses" (selon la définition des journaux de l’époque) de 51,85 mètres de portée. Il est soutenu par quatre piles et deux culées aux extrémités. La chaussée routière quant à elle est soutenue par 400 piliers reposant sur les différentes arches. La construction a nécessité 3 000 tonnes de béton et 220 tonnes de fer.

Le pont avant son effondrement - © DR

 
En 1945, le pont a été miné. Les explosions n’ont affecté que la superstructure et les fondations sont restés intactes. Il est reconstruit en 1949 en conservant les caractéristiques du projet d’origine mais en rationalisant les sections résistantes et en les adaptant à de plus importantes charges d’exploitation. Il s’agit donc d’un ouvrage ayant résisté 70 ans sans le souci d’un suivi permanent tout au long de ces années.

Les premiers signes de défaillances remontent à 2013 mais sont tombés quelque peu dans l’oubli au fil des ans. La fermeture de cet ouvrage pendant son entretien et maintenance aurait très certainement eu des répercussions économiques importantes sur le territoire concerné. En effet, ce pont est habituellement très fréquenté et plusieurs axes autoroutiers se rejoignent à Aulla, située entre Gêne, Florence et Bologne.

Les ruines du pont au droit d’une pile - © DR

 
Ce dernier effondrement montre bien qu’il est indispensable qu’une politique de maintenance des ouvrages soit effective et que la France ne peut pas y échapper. La surveillance doit être régulière. L’ouvrage ne sera remis en bon état que si le diagnostic a été bien posé et c’est évidemment le travail de spécialiste. Se pose également le manque évident d’assistance technique de certaines collectivités qu’il va falloir palier.

C’est pourquoi le "STRRES" (Syndicat national des entrepreneurs spécialistes de travaux de réparation et renforcement des structures) rédige actuellement des guides de vulgarisation dans le domaine des ponts pour les gestionnaires d’ouvrages soucieux de mieux comprendre les effets du manque d’entretien des ouvrages dont ils ont la responsabilité. Pour mener à bien le suivi, chaque ouvrage devra disposer d’un carnet de maintenance (fiche technique, fiche d’entretien courant, fiche précisant toutes les actions menées sur l’ouvrage…). L’investissement dans le domaine de l’entretien est plus que jamais nécessaire si nous voulons conserver à ces ouvrages un bon état de service et de sécurité.

Investir sur le contrôle et le diagnostic des ponts : Christian Tridon, Président du STRRES, revient sur l’entretien des ponts et préconise un carnet de maintenance. Il souhaite que les maires soient plus soucieux de l’état de santé des ponts.