Ouvrages d’Eugène Freyssinet : 2 nouveaux monuments classés historiques
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L’arche expérimentale
L’arche d’essai Freyssinet présente un intérêt exceptionnel au titre de l’histoire des techniques, constituant le premier exemple de mise en œuvre du béton précontraint.

Dès 1908, avant la construction des ponts de Veurdre, Boutiron et Châtel-de-Neuvre sur l’Allier, Freyssinet avait fait édifier une arche expérimentale à Moulins. Cette arche, en grande partie enterrée, n’était plus visible que dans sa partie supérieure. Son dégagement provisoire en 1993 a permis de constater son bon état de conservation et la pérennité de ses qualités de résistance. Elle comporte deux culées et une arche qui mesure 50 m de portée, 1,50 m de large à la clé et 2,50 m au niveau des retombées. La voûte est très surbaissée, la flèche étant de 2 m. Les culées sont reliées par une poutre (tirant en "béton précontraint" de 250 tonnes de force utile) dans laquelle passent des fils d’acier de 10 mm. Ces fils sont ancrés dans les culées par des clavettes. Eugène Freyssinet a parlé alors de "pré-compression permanente des bétons". Il n’inventera le mot « précontrainte » qu’en 1933. Ce tirant est le premier de tous les ouvrages en béton précontraint.
Le pont Boutiron :
Le pont Boutiron est un ouvrage d’art en béton construit en 1912-1913 de grand intérêt en raison de sa place dans le travail d’Eugène Freyssinet et de la qualité de sa mise en œuvre. Il présente à la naissance des arcs des sections de béton rétrécies pour permettre une légère rotation de la section par plasticité du béton. Ce type de sections frettées est ce qu’on appelle des articulations Freyssinet. Le pont Boutiron fut construit ensuite et le tablier a été décintré par vérinage des clés qui ensuite ont été bloquées.
La construction du pont fut compliquée par la survenance d’une crue de l’Allier, alors que les arcs en béton avaient été coulés mais n’avaient pas encore pris définitivement. Freyssinet put constater que les mouvements du cintre n’avaient pas entraîné de fissures dans le béton du tablier démontrant ainsi le comportement plastique du béton pendant sa prise.
Le pont comporte trois arches en arc brisé très surbaissé reposant sur deux piles et deux culées. Chaque arc comporte des segments articulés à la naissance des arcs et à la clé de voûte Les écoinçons au-dessus des piles sont ajourées en V, de même que le garde-corps du tablier. Il est d’une longueur totale de 210 m et d’une largeur de 4,50 m. La longueur de l’arche centrale est de 72 m et de 67 m pour les deux autres. Leur flèche a respectivement 5,20 et 4,20 m de hauteur.